Depuis 2000, le nombre d’animaux qui sont utilisés chaque année pour la recherche en France oscille aux alentours de 2,2 millions, soit une baisse de 40% par rapport à 1990 (1) (2).
Les plus nombreux à être réhabilités sont les chiens, les chats et les chevaux. Mais l’arrivée des nouveaux animaux de compagnie (NAC) dans les foyers laisse envisager la possibilité d’un replacement massif des rats, souris, cobayes et lapins. Tous les animaux de laboratoire ne peuvent pas être réhabilités, l’expérimentation requérant l’euthanasie et l’analyse des tissus de l’animal dans 90 % des cas
(3), mais toutes les espèces sont susceptibles de l’être.

Les espèces
Les conditions de réhabilitation

* Les espèces

Si toutes les espèces sont susceptibles d’être réhabilitées, force est de constater que l’opinion publique joue un grand rôle dans ce domaine, et que sont aujourd’hui favorisées les espèces qui la touchent particulièrement.

  • Ainsi, les chiens (principalement beagles et labradors) et les chats sont les plus facilement et massivement réhabilités – jusqu’à 400 par an pour le Graal (4) -, bien que très peu utilisés en pourcentage : 0,25% en Union européenne (5).
  • On assiste également depuis quelques années à une forte augmentation de la réhabilitation des chevaux. Ainsi, 50 à 80 équidés pourraient être réhabilités chaque année à partir de 2015 (4).
  • La réhabilitation des singes en bonne santé est aujourd’hui systématique, aucune euthanasie non justifiée n’étant effectuée sur les primates, mais elle est coûteuse et nécessite la mise en place de dispositifs particuliers. En effet, ces espèces doivent être accueillies dans des structures adaptées – zoos, fermes pédagogiques ou autres centres d’accueil – et il convient ensuite de financer l’habitat, la nourriture et les soins sur la durée de leur vie, alors que pour les animaux “adoptables”, ces coûts reviennent à l’adoptant. Il est également assez long de les intégrer en groupe (nécessité d’une quarantaine et d’un long processus de sociabilisation). Peu de structures de ce type existent pour le moment en France (6), et ces animaux doivent donc parfois partir à l’étranger en fin de protocole.

D’autres animaux par contre, sont beaucoup moins réhabilités, car ils souffrent d’une image qui mobilise peu l’opinion publique.

  • On trouve dans cette catégorie les animaux de laboratoire de type bétail, volailles et poissons, qui sont majoritairement associés aux  animaux de rente, et dont le sacrifice est donc usuellement accepté et jugé nécessaire par la société.
  • On trouve également dans cette catégorie les rongeurs, qui représentent 80% des animaux de laboratoire (5), et qui pourraient par conséquent être les plus nombreux à être réhabilités. Ces animaux, notamment les rats et les souris, ont longtemps été considérés comme des animaux nuisibles (sales, envahissants et porteurs de maladies), image dont il est difficile de les  défaire.

On observe toutefois depuis quelques années le fleurissement des NAC (nouveaux animaux de compagnie) dans les foyers : 20,5% des foyers français ont au moins 1 animal qui ne soit ni un chien ni un chat, pour un total de plus de 44 millions de NAC en 2012 (7), phénomène qui semble pouvoir modifier positivement la façon dont ces animaux (“de rente” et “nuisibles”) sont perçus et considérés par la société et ainsi aider à leur future réhabilitation massive.

C’est dans cette optique que l’association White Rabbit propose de faire adopter par des familles sélectionnées des lapins de laboratoire, cette espèce étant un animal de compagnie fort représenté en France, tout en étant une des rares espèces à être de plus en plus utilisée en laboratoire (5). Retour au sommaire

* Les conditions de réhabilitation

 La réhabilitation s’applique aux animaux arrivés en fin de protocole expérimental ou issus de surplus de reproduction. Plusieurs critères doivent toutefois êtres remplis pour que la réhabilitation puisse être envisagée (8) (9) :

  • Les animaux ne doivent pas présenter de risques pour la santé publique, l’environnement, les animaux, les écosystèmes : il n’est donc pas possible de réhabiliter des animaux génétiquement modifiés (mutants, transgéniques…) ou infectés par des pathogènes
  • Les animaux ne doivent pas présenter de risques de souffrance ou handicap irrémédiables : ils doivent donc être en  bonne santé physique
  • La réhabilitation doit être effectuée en accord avec le bien-être de l’animal : cela signifie d’une part que l’animal doit être en bonne santé psychologique (ne pas avoir subi de procédure lourde, douloureuse, handicapante ou traumatisante en laboratoire) ; et d’autre part que les conditions de vie qu’il aura suite à sa réhabilitation doivent être adaptées aux besoins de son espèce et au moins équivalentes à celles dont il a bénéficié en laboratoire.

Ainsi il est indispensable, pour que la réhabilitation soit une réussite, qu’une sélection des animaux soit effectuée au sein des laboratoires ; et que des conditions très strictes d’accueil et de soin soient établies et assurées sur le long terme aux animaux réhabilités. Retour au sommaire

(1) Document de travail de la Commission européenne (PDF, en anglais), 2010 Retour au texte
(2) Rapport sur l’expérimentation animale en Europe à l’Assemblée nationale (PDF), 2009 Retour au texte
(3) Le Journal du Dimanche, 2014 Retour au texte
(4) Communication du Graal à la Journée placement des animaux de laboratoire de l’Afstal, 2014 Retour au texte
(5) Rapport de la Commission européenne sur les animaux utilisés à des fins expérimentales (PDF), 2013 Retour au texte
(6) Présentation du projet Carmha, 2014 Retour au texte
(7) Enquête Facco/TNS Sofres, 2012 Retour au texte
(8) Directive 2010/63/UE du Parlement européen et du Conseil, 2010 Retour au texte
(9) Code rural français  Retour au texte